Lundi 12 avril, quelques militants syndicaux sont venus à la porte de l'atelier de Quatre-Mares, distribuer un tract commun CGT-Sud appelant à rejoindre le mouvement des contrôleurs et mécaniciens. Ces derniers étaient en grève massive depuis presque une semaine. Ce tract a provoqué une assemblée générale des ouvriers présents, assez peu nombreux du fait des congés et des repos du lundi. C'est quand même à plus d'une centaine qu'ils sont allés devant les bureaux de la direction pour lire une motion. Puis ils ont décidé en assemblée de se retrouver le lendemain matin aux portes de l'atelier pour mettre tout le monde en grève.

Mardi 13, les piquets de grève étaient nombreux et très peu de cheminots sont rentrés travailler. La directrice des ateliers est allée demander aux délégués de ne pas faire d'assemblée à l'intérieur de l'usine ! Évidemment, elle s'est fait envoyer sur les roses et quatre cents ouvriers sont venus à l'assemblée en question. La directrice aussi, accompagnée de cadres ! Elle a tenu à intervenir pour défendre la politique de la SNCF, expliquer qu'il n'est pas possible de négocier « le revolver sur la nuque », entonné le refrain « On est tous dans la même galère », etc. Autant dire que l'ambiance a commencé à chauffer ! Un délégué CGT est intervenu pour lui demander de signer une pétition contre la fermeture du triage de Sotteville (proche des ateliers et que la direction veut fermer), ce qu'elle a bien sûr refusé, avant de promettre de payer le temps que durerait l'assemblée à ceux qui reprendraient le travail tout de suite...

Une partie des cheminots venus à cette assemblée étaient hésitants pour partir en grève, pour de nombreuses et diverses raisons. Mais les provocations de la directrice des ateliers les ont convaincus de rejoindre le mouvement. Les ouvriers ont donc voté la grève par 257 voix, tandis qu'une soixantaine, en grande partie des cadres présents, votaient contre. Puis une manifestation de tous les ouvriers a parcouru le triage de Sotteville pour aller discuter avec les aiguilleurs, avant d'envahir un autre atelier pour discuter avec les cheminots.

Est-ce que la grève se poursuivra ? Ce qui est sûr, c'est que le mécontentement des cheminots de la région est grand.