Mardi 13 avril, la grève à la SNCF appelée par la CGT et Sud, qui avait démarré le 6 avril au soir, se poursuivait. Certes, de façon très différente selon les secteurs. Tandis que sur la région parisienne les grévistes restaient très minoritaires, y compris chez les agents de conduite, les contrôleurs et les travailleurs du Fret, dans certaines autres régions, le nombre de grévistes se maintenait, voire augmentait.

La fédération CGT a adressé des consignes aux militants afin qu'ils agissent pour « impulser et renforcer » le mouvement. Et bien qu'aucun objectif précis ne soit fixé à la grève, sinon de « réelles négociations » (selon les termes de la direction CGT), bien qu'il y ait très peu d'assemblées générales de grévistes communes à l'ensemble des services d'une localité (laissant les cheminots isolés dans leur secteur pour prendre une décision de reconduction de la grève), bien que le démarrage de la grève, marqué par de multiples préavis échelonnés dans le temps selon les différentes catégories de cheminots (roulants, sédentaires, commerciaux, etc.), ait désorienté travailleurs et militants, les attaques de la SNCF sont telles que de nombreux cheminots ont décidé de se saisir de l'appel à la grève pour exprimer leur mécontentement, voire leur colère et leur crainte de l'avenir. Et la plupart de ceux qui se mobilisent aujourd'hui savent qu'il serait nécessaire que la grève se confirme et s'étende.

Oui, il serait souhaitable que les secteurs les plus déterminés finissent par entraîner dans le mouvement les moins convaincus. La direction de la SNCF serait alors bien obligée de revoir sa politique, pour tenir compte de ce que réclament les cheminots depuis des mois, sinon des années : des embauches et des garanties sur les conditions de travail, ainsi que des augmentations de salaire.