- Accueil
- Editoriaux
- C'est le grand patronat qu'il faut censurer et renverser !
Editorial
C'est le grand patronat qu'il faut censurer et renverser !
![Illustration - C'est le grand patronat qu'il faut censurer et renverser !](/medias/editorial/images/2025/02/2502_arnault2.jpg.1200x675_q85_box-5%2C95%2C1177%2C756_crop_detail.jpg)
Alors que le gouvernement et son budget sont toujours suspendus à un fil, Bernard Arnault, l’industriel du luxe, a lancé un pavé dans la mare en critiquant vertement la politique de Bayrou.
« Aux USA, les impôts vont descendre à 15 %, les ateliers sont subventionnés dans une série d’États […]. Ici on s’apprête à augmenter de 40 % les impôts des entreprises […]. Pour pousser à la délocalisation, c’est idéal ! », a-t-il déclaré.
La menace est à peine voilée : si le gouvernement s’obstine à lui faire payer plus d’impôts, l’homme aux 200 milliards, qui emploie 40 000 personnes en France, partira rejoindre le paradis capitaliste américain et son ami Trump.
Cette déclaration a été le coup d’envoi d’une véritable croisade patronale puisque tous les PDG du CAC 40 lui ont emboité le pas. Ces messieurs, qui ont versé 80 milliards de dividendes à leurs actionnaires en 2022, 97 milliards en 2023 et près de 100 milliards en 2024, crient au « matraquage fiscal » parce que le gouvernement veut que leurs entreprises payent une surtaxe exceptionnelle pour un total de 8 milliards en 2025 ! On pourrait en rire si ce n’était pas aussi choquant.
Depuis sept ans, Macron a considérablement baissé les impôts des entreprises et des plus riches. Ce faisant, il a creusé les déficits publics. Et maintenant que le gouvernement, coincé par l’ampleur de la dette, demande aux plus riches une minuscule contribution, il reçoit une volée de bois vert. Que les capitalistes sont ingrats vis-à-vis des politiciens qui les servent si bien !
Mais loin de se mettre en colère, Bayrou s’est confondu en excuses. Il a juré qu’il n’abandonnait pas la politique probusiness de Macron et que, dès l’année prochaine, si tant est qu’il soit encore là, il réformera pour bien servir ces messieurs. Leur fortune a doublé ou triplé ces dernières années, il ne faudrait tout de même pas qu’elle stagne !
Ces provocations patronales vont de pair avec une offensive féroce contre les travailleurs. 300 plans de suppressions d’emplois sont en cours dans le pays et 250 000 emplois pourraient disparaître. Il faut ajouter à cela la vague de licenciements liée aux 60 000 faillites de plus petites entreprises, étranglées par les plus grosses et par les banques.
« Ce n’est pas de la rapacité, nous y sommes contraints par le manque de compétitivité », rabâchent tous les grands patrons. Pour le PDG de Michelin, qui supprime 1254 emplois en fermant les usines de Cholet et de Vannes, c’est simple : « Il n’est plus compétitif de produire en France » !
Ces pleurnicheurs sont surtout des menteurs. Le patron de Michelin omet par exemple de dire que, malgré ces prétendues difficultés, il engrange, chaque année, deux milliards de profits.
Comme tout capitaliste qui se respecte, ils en veulent toujours plus. Dans un contexte de guerre commerciale féroce et face à un Trump déterminé à ce que la grande bourgeoisie américaine se taille la plus grosse part du gâteau, la lutte entre eux est sans pitié. Leur seul moyen pour continuer de jouer dans la cour des grands est de renforcer l’exploitation et d’avoir un gouvernement prêt à tout sacrifier pour leurs affaires.
Quand les patrons parlent de compétitivité, c’est que les coups vont nous tomber dessus. Faire jouer la concurrence entre les travailleurs, d’un pays à l’autre, d’une région à l’autre, d’une usine à l’autre et parfois d’un atelier à l’autre, pour tirer les salaires vers le bas, supprimer des emplois et intensifier l’exploitation, c’est leur source d’enrichissement. Alors, les travailleurs ont tout à perdre dans cette course à la compétitivité.
Tous les partis, de LFI au RN en passant par le PCF, proposent de mener la guerre économique en rendant les coups avec plus de protectionnisme. Mais la question n’est pas de proposer une politique pour que les Arnault, Michelin ou Dassault l’emportent dans la concurrence internationale. C’est au contraire de les empêcher de nous enfoncer dans leur guerre commerciale, destructrice pour les travailleurs et pour toute la société.
S’il y a quelqu’un que les travailleurs ont intérêt à censurer, ce sont les capitalistes, et c’est leur système qu’il faut renverser. Car il est vain de pleurnicher en suppliant le patronat d’être plus solidaire et patriote, comme le font les responsables des organisations syndicales. Et il est tout aussi vain de les conseiller sur la politique industrielle. Le grand patronat fera ce que son argent lui commandera de faire. Et on peut être certains que ce sera contre nous !