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Editorial
Travailleurs français, algériens ou originaires des quatre coins du monde : mêmes patrons, même combat !

Les plans de licenciements pleuvent, la précarité se généralise, la pression au travail se fait plus forte pour tous et la vie est de plus en plus chère. Et de quoi nous parlent les politiciens ? De l’immigration et des immigrés toujours assimilés à un danger, voire à des délinquants en puissance ! C’est aussi abject que mensonger.
Il est certainement plus facile de flatter les préjugés racistes et xénophobes que de demander des comptes à Michelin, Auchan ou Arcelor qui sont en train de fabriquer les chômeurs de demain. Et quand les milliardaires bien français ne payent même pas les impôts qu’ils devraient, les politiciens trouvent bien utile de faire diversion !
Aucun hôpital, aucune usine ni chantier ne peut tourner sans les millions de femmes et d’hommes d’origine étrangère qui travaillent dur pour un salaire dérisoire. Et aucun gouvernement ne peut priver le patronat des bras qui lui sont indispensables. En fait, toute cette démagogie anti-immigrés ne sert qu’à cacher la domination et la responsabilité patronale et à diviser les travailleurs.
À la tête de l’offensive anti-immigrés, il y a le ministre de l’intérieur, Retailleau. Après avoir durci les conditions de régularisation des sans-papiers, restreint l’accès aux visas et remis en cause le droit du sol à Mayotte, son obsession se porte désormais sur l’Algérie et les Algériens.
La crise entre la France et l’Algérie a éclaté quand Macron a reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Depuis, une provocation en entraîne une autre. D’un côté, l’Algérie emprisonne l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, de l’autre, Retailleau renvoie, en dehors de toute procédure légale, un influenceur algérien, lequel est aussitôt remis dans l’avion.
Et maintenant, Retailleau, appuyé par Bayrou, exploite sans honte l’attentat de Mulhouse perpétré par un schizophrène algérien qui avait une obligation de quitter le territoire français, pour adresser un ultimatum au gouvernement algérien.
Ce dernier aurait quatre à six semaines pour réadmettre plusieurs centaines de personnes, qualifiées de « dangereuses » par Retailleau, faute de quoi, l’accord de 1968 serait dénoncé.
Les Algériens et les Franco-algériens sont une nouvelle fois victimes de la compétition haineuse et raciste entre la droite et l’extrême droite. Victimes, une fois de plus, de tous ceux qui n’ont jamais digéré l’indépendance de l’Algérie et qui fantasment sur tout et n’importe quoi.
Parmi ces fantasmes, l’accord franco-algérien de 1968 est présenté comme un privilège pour les Algériens et une pompe aspirante de l’immigration. Mais où est le privilège quand l’entrée en France est soumise, comme pour tous les étrangers extra-européens, à l'obtention d'un visa ? Quelle faveur quand les tracasseries se multiplient et que le nombre de visas délivrés a chuté ?
Le vacarme autour de cet accord ne sert qu’à alimenter la tension entre la France et l’Algérie. Et pour Retailleau, qui se veut le leader de la croisade contre l’immigration et l’islamisme, c’est l’essentiel.
Tout cela est du poison pour les travailleurs des deux côtés de la Méditerranée. D’un côté comme de l’autre, les gouvernants ont intérêt à la surenchère nationaliste pour tromper les travailleurs.
En France, cette nouvelle croisade contre l’Algérie permet de flatter les préjugés racistes et nationalistes. Car ce n’est pas face à Trump que les dirigeants français peuvent rouler des mécaniques. Mais contre Alger, ils peuvent s’y essayer !
Pour le président algérien, Tebboune, c’est aussi l’occasion de faire bonne figure. En butte au mécontentement général, le régime réprime les opposants politiques, les jeunes et les travailleurs qui se battent pour améliorer leur quotidien. Quoi de mieux que faire diversion en jouant sur la fierté nationale ?
Laissons ces semeurs de haine à leurs manœuvres ! Que l’on vive d’un côté ou de l’autre de la Méditerranée, le sort réservé aux femmes et aux hommes du monde du travail, c’est l’exploitation, les bas salaires, des conditions de vie de plus en plus dures et des bruits de bottes.
Quelles que soient nos origines, nos convictions et le pays dans lequel on vit, quand on appartient au camp des travailleurs, on est du mauvais côté du bâton, car celui-ci est toujours tenu par les plus riches, par le patronat, par les capitalistes et leurs sbires politiques. C’est ensemble, en serrant les rangs et en étant solidaires, quelle que soit notre nationalité, que nous serons capables de défendre nos intérêts de travailleurs, de nous faire respecter et d’en finir avec l’ordre impérialiste et ses frontières stupides !