Macron : le va-t-en guerre de l’Élysée20/03/20242024Journal/medias/journalarticle/images/2024/03/P3-1_Macron_va-t-en_guerre_OK_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C89%2C652%2C455_crop_detail.jpg

Leur société

Macron

le va-t-en guerre de l’Élysée

Lors de son interview donnée sur TF1 et France 2 jeudi 15 mars, puis dans le quotidien Le Parisien du samedi suivant sur deux pages, Emmanuel Macron a poursuivi son offensive médiatique destinée à marteler que « la Russie ne peut pas et ne doit pas gagner la guerre ».

Illustration - le va-t-en guerre de l’Élysée

Des « opérations sur le terrain, quelles qu’elles soient, pour contrer les forces russes » seraient ainsi une éventualité.

« Volonté », « courage », « résister », le lexique présidentiel est taillé pour sa nouvelle panoplie de chef de guerre, appuyée par une citation modifiée de Churchill disant : « Il faut avoir le nerf de la paix », quand l’ex- Premier ministre britannique disait à l’aube de la guerre froide qu’il fallait avoir le nerf de la guerre. L’important pour Macron est d’apparaître résolu à toutes les options, quand ses alliés sont publiquement plus modérés dans « une guerre qui est existentielle pour notre Europe et pour la France ».

Bien sûr, la conversion de Macron en chef de file des « faucons » dans la guerre en Ukraine tranche avec l’époque où il appelait à ne pas humilier la Russie et maintenait le contact avec Poutine. Par ailleurs, les élections européennes pointant à l’horizon, les considérations de politique intérieure ne sont pas étrangères aux coups de menton du président. Mais, au-delà de calculs électoraux minables et bien incertains et de son goût pour la mise en scène, toute la propagande déversée par l’Élysée vise à faire accepter comme inévitable l’idée d’une aggravation de la guerre et l’idée des sacrifices qui iraient avec, au moment même où le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, relayé par la Cour des comptes, évoque des dizaines de milliards d’économies nécessaires dans les budgets publics.

Alors que, officiellement du moins, aucun soldat français ou de l’Otan, n’est engagé en Ukraine, Macron annonce que « la liberté », « nos valeurs » et même « la paix » – puisque c’est en son nom comme toujours que la guerre se prépare – ont un prix. Et ce prix, ce serait à la population de le payer, dès à présent, par le doublement du budget militaire dont s’est vanté Macron, depuis son premier mandat de président, par l’augmentation des cadences dans les usines de fabrication d’armement à destination de l’Ukraine, par la conversion à « l’économie de guerre », aux dépens des services publics utiles à la population, qui dévoie le travail d’ingénieurs, de techniciens, d’ouvriers vers la production d’engins de mort.

Macron saisit l’opportunité de la guerre, qui effectivement a commencé en Europe, pour appeler à la mobilisation de chacun. C’est une nouvelle version de mise au pas – expérimentée déjà pendant la période du Covid-19 – pour faire accepter en silence les bas salaires, la flambée des prix et la dégradation des conditions de vie, alors que le CAC 40 a de nouveau battu des records de profits en 2023.

La posture va-t-en-guerre de Macron confine au ridicule, notamment quand il prétend ainsi impressionner Poutine. Mais le locataire de l’Élysée n’a pas inventé le risque d’une généralisation des conflits. Il fait seulement son métier qui est, en bon représentant de la bourgeoisie française et indépendamment de sa popularité et de celle de son camp politique, de préparer la population à accepter tous les sacrifices. Il s’agit de garantir, au nom de la patrie ou de l’Europe en danger, les dividendes des actionnaires du CAC 40.

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