Dermatose bovine : les ravages du virus… du profit17/12/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/12/une_2994-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C0%2C1271%2C1649_crop_detail.jpg

Leur société

Dermatose bovine

les ravages du virus… du profit

Depuis des jours, des centaines de paysans bloquent des péages d’autoroutes dans le Sud-Ouest et se rassemblent sur les ronds-points pour exprimer leur hostilité à l’abattage total des troupeaux de bovins touchés par la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

Provenant d’Afrique, cette maladie est arrivée en France en juin 2025. Extrêmement contagieuse mais inoffensive pour l’homme, son taux de mortalité est évalué entre 5 et 10 %, et les bêtes survivantes sont souvent très affaiblies.

Pour éradiquer la DNC, l’État, avec le soutien du principal syndicat de paysans, la FNSEA, a décidé d’abattre systématiquement tout le troupeau dès la première bête infectée et de vacciner les bêtes seulement aux alentours. Cette méthode est préconisée par des scientifiques et des vétérinaires, tandis que d’autres proposent de privilégier la prévention et la vaccination massive.

L’État préfère la première solution à la vaccination de tous les bovins que revendiquent la Confédération paysanne et la Coordination rurale, deux syndicats minoritaires qui sont en pointe dans ce mouvement. Ses raisons ne sont pas sanitaires, comme il le prétend, mais économiques. Pour l’État, vacciner 16 millions de bovins coûterait trop cher et il manque de vétérinaires pour le faire rapidement.

Quant au dirigeant de la FNSEA, Rousseau, qui justifie l’abattage total au nom de la science, il y a de quoi sourire. Le même s’assoit en effet largement sur les recommandations scientifiques quand il se bat contre l’interdiction du glyphosate, un pesticide dont de nombreuses recherches ont pourtant démontré la dangerosité et la toxicité. Rousseau ne suit les scientifiques que quand cela n’écorne pas les profits des paysans les plus riches et des trusts de l’agroalimentaire.

Si ce même Rousseau, propriétaire de 700 hectares de terres et dirigeant du grand groupe d’oléagineux, Avril, s’oppose à la vaccination générale, c’est parce que, selon les règles du commerce international, cela ferait perdre le statut « indemne de maladie » aux bovins vaccinés. Cela pourrait rendre impossible pendant plus d’un an les exportations de bovins, ce qui impacterait principalement les intérêts des éleveurs et capitalistes spécialisés dans le commerce international du bétail.

De leur côté, une partie des petits éleveurs craignent que l’abattage systématique ne ruine un peu plus leur ferme, déjà souvent dans une situation financière difficile. Même si l’État rembourse environ 2 000 euros par bête tuée et paie les frais d’abattage, ils perdent en effet des années de travail, notamment de sélection génétique, car un troupeau est une chose qui se construit, et le temps pour le reconstruire, lui, n’est pas indemnisé.

De plus, l’État, plutôt que d’essayer de les convaincre, a employé la manière brutale en envoyant des cars de CRS chez les éleveurs opposés à l’abattage de leur troupeau.

Les ennemis des petits paysans ne sont pas les scientifiques ni les vétérinaires mais les gros capitalistes de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la grande distribution, ainsi que les dirigeants de l’État.

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