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Dans le monde
Europe de la défense
concurrence et gros sous
En réunissant les chefs d’état-major européens, le 11 mars à Paris, Macron a entretenu sa posture de chef de guerre et promet « l’Europe de la défense ».

Le même jour à Strasbourg, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, réclamait une « augmentation très rapide des capacités de défense européenne ». Elle confirmait son plan à 800 milliards d’euros pour « réarmer l’Europe ». Ce plan consiste à autoriser chaque État membre de l’UE à dépenser pour sa propre armée, sans se soucier des conséquences sur son déficit public, jusqu’à un total européen de 650 milliards. Les 150 milliards restant pourraient être empruntés au nom de l’UE, avec des taux bas, pour être prêtés aux États moins solvables. Chaque État profitera, ou pas, de ce plan. Chaque État passera, ou pas, des commandes d’armement pour sa propre armée, dans l’intérêt de ses propres capitalistes.
C’est le fond du problème. L’Europe dont ils parlent tous se résume à 27 États en rivalité. C’est une faiblesse ancienne et insoluble des capitalistes européens face aux États-Unis. D’un côté, ils comptent chacun sur son État national pour défendre ses intérêts ; de l’autre, ils ne font pas le poids face à leurs concurrents américains, qui disposent d’un État capable d’imposer sa loi à toute la planète.
Dans le domaine militaire, où les commandes sont réalisées par les gouvernements, les industriels de l’armement ont plus que d’autres l’obligation d’être liés à leur État respectif. Dassault doit sa fortune à la capacité des gouvernements français à lui acheter ses avions Rafale ou à en faire la promotion auprès des dirigeants indiens, égyptiens ou autres. Il est significatif que ni la Grande- Bretagne ni l’Allemagne ne possèdent le moindre avion Dassault. À l’inverse, l’armée française n’a jamais acheté de chars Leopard, fabriqués en Allemagne.
Les commandes militaires indiquant souvent les relations de subordination entre les pays, beaucoup d’États européens achètent leur matériel militaire aux États-Unis. Ainsi, 64 % des armes importées par des pays européens membres de l’OTAN viennent des États-Unis contre 6,5 % de France, 6,5 % de Corée du Sud et 4,7 % d’Allemagne. Ce poids des armes américaines en Europe ne résulte pas seulement de leurs qualités ou des capacités de production de Lockeed Martin ou de Northrop, mais des liens inégaux établis entre les États-Unis et de nombreux pays d’Europe.
Les discours sur la « défense européenne » servent d’abord à mettre en condition la population pour lui faire accepter le passage à l’économie de guerre. Ils servent ensuite à jeter un voile pudique sur la guerre acharnée que vont se livrer les différents marchands d’armes pour avoir la plus grosse part de la manne.