Haïti : contre la dictature des gangs12/03/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/03/une_2954-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

Haïti

contre la dictature des gangs

Cet article est tiré du journal La Voix des travailleurs, édité par nos camarades de l’OTR (Organisation des travailleurs révolutionnaires) – UCI-Haïti.

Alors que les gangs continuent d’assiéger la capitale, pillant, incendiant et massacrant impunément, une brèche s’élève du cœur même de ce chaos. Les habitants de Solino, chassés de leurs maisons depuis près de six mois, refusent de se résigner et de plier, en choisissant la voie de la résistance, de la lutte. Face à la terreur instaurée par les bandes armées et à l’inaction complice des autorités, ils ont relevé la tête et ont gagné les rues à deux reprises en moins d’une semaine, défiant ouvertement la dictature des gangs et la répression policière pour exiger leur droit légitime à regagner leur quartier.

Le 20 février, leur colère s’est exprimée avec force. Bloquant les axes stratégiques reliant Lalue à Bourdon et Delmas, ils ont paralysé la circulation, érigeant des barricades enflammées. Furieux, les manifestants ont envoyé un message clair : ils veulent retourner vivre dans leur quartier et non dans les camps insalubres qu’ils comparent à des parcs à bestiaux.

La police, fidèle à sa mission de réprimer les victimes plutôt que les bourreaux, a répondu par des tirs de gaz lacrymogène. Loin d’intimider les manifestants, cette brutalité a exacerbé leur colère. Des jets de pierres ont ciblé les véhicules des forces de l’ordre, accusées de connivence avec les gangs, abandonnant la population à son sort.

Une semaine avant, le 13 février, ils étaient descendus dans la rue, exigeant que les policiers et les forces étrangères remplissent leur prétendue mission de « protection des vies et des biens ». La police haïtienne, corrompue et gangrenée, laisse les bandits imposer leur loi, quand elle ne les alimente pas en armes, en munitions et en informations. Quant aux forces étrangères, elles ne sont qu’un outil de contrôle de l’impérialisme, occupées à garantir la stabilité des intérêts des puissances dominantes et des classes possédantes locales.

Cet événement, passé presque sous silence, peut être un signal, un point de départ. Les criminels tiennent surtout par la peur qu’ils inspirent. Quand les masses s’unissent et se lèvent, elles peuvent faire changer la peur de camp.

Les habitants de Solino ont surmonté la peur, et c’est là une victoire morale. Ils savent désormais que personne ne viendra les sauver, que seule la mobilisation de ces milliers de déplacés peut briser l’étau des gangs.

Ils ont compris ce que les classes dominantes tentent d’effacer des esprits : que l’oppression ne se combat pas par la soumission et la peur, mais par l’organisation et la lutte collective.

Mais pour avoir les résultats escomptés, le mouvement enclenché doit s’étendre à l’ensemble des familles de Solino pour se transformer en une révolte profonde, consciente et déterminée. Plus la mobilisation grandira en ampleur et en intensité, plus elle atteindra des déplacés d’autres quartiers, d’autres communes et la révolte pourrait converger en un seul cri : le retour dans nos quartiers. La seule voie à suivre est là et pas dans les négociations stériles avec des criminels. Pas dans l’attente illusoire d’un sauveur. Mais dans la révolte organisée des masses opprimées, seule force capable d’écraser la barbarie des gangs et de renverser le système qui les nourrit.

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