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- Lutte ouvrière n°2989
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Leur société
Sainte-Soline
violence d’État programmée
Mediapart et Libération ont rendu publiques des vidéos enregistrées par les caméras-piétons des gendarmes mobiles déployés le 25 mars 2023 contre les opposants à la mégabassine de Sainte- Soline.

La manifestation contre la mégabassine appelée le 25 mars avait été interdite. Le gouvernement de l’époque, et notamment le ministre de l’Intérieur Darmanin, avait voulu faire une démonstration de force. Deux mille gendarmes mobiles avaient été mobilisés, contre 6 000 à 8 000 manifestants.
La veille, Darmanin déclarait à la télévision : « Nous verrons des images extrêmement dures. » Les gendarmes mobiles et leur hiérarchie furent ainsi encouragés à se livrer sans retenue à des actes de violence contre les manifestants.
Ainsi peut-on entendre dans les vidéos les ordres de tirs tendus répétés de multiples fois par des chefs, dans neuf escadrons sur les quinze déployés autour de la mégabassine, selon les journalistes. Ces tirs visant directement les manifestants sont censés être interdits car très dangereux, en particulier quand il s’agit des projectiles GM2L qui contiennent une charge explosive. « Mets-leur un GM2L dans la gueule ! », ordonne un chef ; des gendarmes mobiles se réjouissent : « Je compte plus les mecs qu’on a éborgnés. » Un s’exclame : « Il faut qu’on les tue ! », un autre : « T’en crèves deux ou trois, ça calme les autres. » Les manifestants sont baptisés « animaux », « illuminés », « résidus de capote », ou appelés « pue la pisse », ce qui semble courant dans les rangs car le sigle PLP est compris de tous.
Au moins deux cents manifestants furent blessés ce jour-là, probablement plus car certains refusèrent de se déclarer. Deux faillirent mourir et vivent aujourd’hui avec de lourds handicaps, probablement victimes de tirs tendus.
Ce déchaînement de violences, encouragé par les plus hauts sommets de l’État, montre ce que sont les forces de répression : des brutes en uniforme, pleines de préjugés réactionnaires et antipauvres, et prêtes à se livrer à des exactions avec l’assurance de l’impunité. Après avoir visionné ces 84 heures d’images accablantes, au lendemain de la manifestation, l’Inspection générale de la gendarmerie nationale n’avait rien vu ni rien entendu qui justifie, selon elle, la mise en œuvre de poursuites.