Nathalie Arthaud : « Les travailleurs sont la clef de voûte de notre société »26/09/20232023Presse/medias/articlepresse/images/2023/09/S1360062-1-600x800a.jpg.420x236_q85_box-0%2C109%2C283%2C269_crop_detail.jpg

Article de presse

Nathalie Arthaud : « Les travailleurs sont la clef de voûte de notre société »

Illustration - Nathalie Arthaud : « Les travailleurs sont la clef de voûte de notre société »

Lutte ouvrière a organisé sa fête ce week-end à l’espace Mosaïque à St-Priest. Le Lyon Bondy Blog en a profité pour poser quelques questions à Nathalie Arthaud. Entretien.

Nous sommes à l’espace mosaïque avec Nathalie Arthaud, une première question : une rentrée plutôt compliquée ?

La situation ne fait que se compliquer depuis pas mal de temps. On connaît une évolution catastrophique au sein de toute la société. A la fois, le creusement des inégalités, la misère, cette flambée des prix et la précarité. On ne voit pas le bout du tunnel quand on appartient au monde du travail. On a eu une belle démonstration cette semaine avec la venue de Charles III en France, notamment pour une petite frange de la société, tout va bien Madame la Marquise ! J’insiste sur ce fait. On a également eu une évolution catastrophique concernant la crise climatique. Pour nous, c’est la canicule, la sécheresse, cette espèce de confinement auquel on est confronté quand il fait trop chaud et cela a été une bonne partie de l’été pour plein de gens.

Dans le reste du monde, c’est une catastrophe tout court. Des régions entières qui sont devenues inhabitables avec des dizaines de femmes et d’hommes qui sont jetées sur les routes. Il n’y a jamais eu autant de déplacés et d’exilés dans le monde. Le nombre s’accroît ! Plus de cent millions d’après les chiffres du HCR et cette instabilité politique qui éclate de tous les côtés. Je ne dirais pas le retour de la guerre, mais qu’elle a été permanente dans pleins de régions du monde, à commencer par l’Afrique et le Moyen-Orient. Notamment avec l’exemple du conflit en Ukraine, cette guerre se rapproche de nous. Pour nous, c’est clairement un affrontement entre un petit pays et son puissant voisin. C’est une guerre impérialiste ! Ce que je vois, c’est que toutes les rivalités, elles s’exacerbent à l’échelle du monde. Recevoir des bombes sur la tête, c’est peut-être le sort qui nous attend. Ce n’est pas réservé aux soudanais, aux rwandais, ce n’est pas réservé aux africains et aux ukrainiens. Oui, il y a une évolution catastrophique. Là-dessus, on a un gouvernement qui gesticule et qui ne peut rien faire d’autre que de gesticuler.

Que pensez-vous de l’état du système de santé français ?

C’est le capitalisme qui rend malade la France et le monde entier. C’est le capitalisme ! Le reste, c’est de l’habillage. Les institutions sont toutes différentes d’un pays à un autre, mais ce qu’on observe dans absolument tous les pays, c’est une société de classe sociale où la classe dominante est la classe bourgeoise. Elle renforce son exploitation, elle engendre de plus en plus de misère, elle aggrave et fait reculer les conditions de vie de l’ensemble des classes populaires et cela est vrai dans tous les pays.

Pour moi, ce n’est pas une question d’institutions, ni qui occupe l’Elysée. C’est vraiment une question de système économique. Je pense que la catastrophe qui se déroule sous nos yeux, c’est à cause de la grande bourgeoisie qui en porte la responsabilité, et attention à ne pas prendre ceux qui s’agitent devant la scène. Les « les pantins » de ceux qui tirent les ficelles ! Il n’y a qu’eux qui tirent les ficelles et qui se font plein de fric, qui encore une fois vont tellement bien dans cette crise économique et qui ne sont pas près de se jeter du hublot de leur jet. Pour rappel, en 1929, il y avait eu quelques capitalistes qui s’étaient jetés des buildings de Wall-Street. Mais aujourd’hui, Bernard Arnault n’a pas envie de se jeter de son hublot !

En 2024, il y aura les élections européennes, quelle sera la stratégie de LO pour cette élection ?

Notre perspective n’est clairement pas les échéances électorales. Je vois bien qu’aujourd’hui, la NUPES est en train de se déchirer sur la question de la stratégie électorale pour les européennes et la présidentielle. Ils font une petite étude de marché de leurs électeurs et les bons mots d’ordre qu’ils doivent mettre en place. Nous, ce n’est pas du tout ça. Ce qu’on pense, c’est que l’évolution catastrophique va provoquer des révoltes et aussi des réactions dans notre classe et dans le monde.

La question qu’il faut se poser : est-ce que les travailleurs en révolte auront la volonté de se battre et de prendre conscience qu’il faut aller jusqu’à renverser le système capitaliste ? Est-ce qu’ils auront conscience qu’ils peuvent viser le pouvoir ? Ce qu’on pense, avec de nouvelles perspectives, c’est que les travailleurs prennent le pouvoir et qu’ils dirigent eux-mêmes cette société qu’ils font fonctionner tous les jours. Ils savent la faire fonctionner. Si ça fonctionne mal, notamment les hôpitaux, les écoles et les transports, c’est parce qu’on n’écoute pas les travailleurs qui savent le faire et qui ont les mains dans le cambouis.

Comment il faudrait le faire ?

La meilleure chose serait d’avoir une oreille attentive envers eux. Moi, je suis prof d’économie, on fait grève contre cette stupidité de « Bac Blanquer ». Le gouvernement s’est rendu compte que ça ne marchait pas. Finalement il l’a remis au mois de juin. C’est pareil pour les hôpitaux, combien de grèves il y a eu contre toutes ces fermetures de lit ?

Nos convictions et notre perspective, c’est que les travailleurs réalisent qu’ils sont une force spéciale et agissante. Ils sont la clef de voute de la société. Aujourd’hui, le pouvoir, il faut qu’ils le conquièrent. Notre politique, c’est de propager cette conscience de classes, de classes élémentaires qu’on défend au jour le jour contre les attaques patronales. Cette conscience politique, que les travailleurs doivent exproprier la grande bourgeoisie et doivent chercher à prendre le pouvoir politique. Il doit être entre leurs mains. Il faut qu’ils comprennent qu’ils peuvent faire une autre société communiste, socialiste dans le sens entier du terme. Je suis toujours gênée de reprendre ce terme à cause du PS qui l’a transformé en son contraire. Il faut que ce soit une société collective sans exploitation de l’homme par l’homme, sans classe sociale.

Un dernier mot à rajouter ?

Vive la révolution !

 

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