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Japon : Quatre ans après Fukushima : pollution et exploitation continuent
Depuis l’accident nucléaire du 11 mars 2011, rien n’est réglé dans la région de Fukushima, au nord-est du Japon. Alors que la société Tepco ne parvient toujours pas à maîtriser la pollution du site, la situation empire pour les habitants des alentours, encore réfugiés dans des logements précaires, ainsi que pour les nombreux travailleurs employés sur le site, sous-payés et mal informés des risques encourus.
Côté pollution, de l’eau doit être envoyée en permanence sur les réacteurs endommagés et sur les déchets nucléaires pour les refroidir et éviter un nouvel accident. Cela crée de nouvelles masses d’eau radioactive qui doivent être stockées. Depuis mars 2011, des centaines de milliers de m3 ont ainsi rempli un millier de réservoirs dispersés sur le site. Des fuites dans ces réservoirs ainsi que des incidents dans le pompage des eaux d’infiltration ont conduit à des contaminations de l’océan Pacifique voisin.
Dans les alentours, près de 120 000 personnes mènent encore une vie de réfugiés, installées dans des logements provisoires quatre ans après leur évacuation. Les collectivités locales sont chargées des plans de reconstruction, mais ceux-ci, du fait du manque de moyens, ont pris un retard considérable.
La seule issue proposée par le gouvernement à ces réfugiés est de revenir s’installer dans les zones les moins contaminées. Des milliers de « décontaminateurs » sont toujours employés à lessiver les toits et les routes, à retirer la terre de surface dans les cours et les champs, dans l’espoir de faire un peu baisser la radioactivité. Le but est de rendre les zones de nouveau habitables en passant sous la barre des 20 millisieverts par an. C’est la limite de radioactivité autorisée au Japon depuis la catastrophe, mais elle est 20 fois plus élevée que celle recommandée par l’OMS, l’Organisation mondiale de la santé.
20 000 travailleurs sont chargés de cette décontamination partielle, alors que 6 000 autres ouvriers interviennent sur le site de la centrale. Employés par une multitude de sociétés sous-traitantes, ces travailleurs sont souvent recrutés parmi les SDF, les jeunes sans qualification ou les « évaporés », ces Japonais qui disparaissent volontairement pour fuir des dettes ou d’autres problèmes. Non déclarés pour la moitié d’entre eux, très mal payés, pas informés des risques qu’ils encourent, ils subissent des accidents du travail de plus en plus nombreux.
Cette année comme les précédentes, le gouvernement a organisé diverses cérémonies commémoratives et a assuré les victimes et leurs familles de son soutien. Mais derrière ces discours hypocrites se cache un grand mépris des petites gens qui n’ont pas d’autre solution que d’habiter ou de travailler dans cette région dangereuse. C’est ce même mépris qui conduit les autorités japonaises à envisager aujourd’hui la relance des centrales nucléaires dans le pays alors que la majorité de la population s’y est opposée.