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Hongrie : La droite remporte les élections législatives, l'extrême droite raciste entre au Parlement
En Hongrie, le Fidesz (Union civique hongroise), parti de droite, dans l'opposition depuis huit ans, a remporté dimanche 11 avril une large victoire dès le premier tour des élections législatives, avec 52,7 % des voix ; sans attendre le deuxième tour, cela lui assure d'ores et déjà une majorité de sièges au Parlement.
Le MSZP (Parti Socialiste hongrois), au pouvoir depuis 2002, s'effondre électoralement, recueillant 19 % des voix, contre 43,21 % aux précédentes élections législatives, en 2006. Le Jobbik, parti d'extrême droite créé en 2003, obtient 16 % des voix - contre 2 % en 2006 - et enverra pour la première fois des députés au Parlement. Ses candidats avaient obtenu 15 % des suffrages et trois sièges (sur 22) aux élections européennes de juin 2009.
Créé en 2003, le Jobbik s'est développé sur la base d'une démagogie nationaliste et raciste. Dénonçant le traité de Trianon, qui, en 1920, au lendemain de la Première Guerre mondiale, avait amputé le pays des deux tiers de son territoire et de trois millions de ses ressortissants, il revendique le retour à la « Grande Hongrie » et s'en prend au capitalisme, à la mondialisation, à l'Union européenne, aux politiciens, aux Juifs et surtout à la minorité rom (600 000 personnes sur dix millions d'habitants) rendue responsable de toutes les difficultés de la population hongroise.
À la différence d'un Le Pen en France, ce parti d'extrême droite ne se contente pas de discours. Il s'est doté d'une formation paramilitaire, la Garde hongroise qui, depuis 2007, sème la terreur dans les villages à forte population rom : cocktails molotov contre les maisons, symboles nazis tracés sur les murs, et même meurtres : six Roms auraient ainsi été assassinés au cours des deux dernières années. C'est dans les régions du nord-est du pays, où la concentration de population rom est la plus importante, que le Jobbik a fait ses meilleurs scores électoraux, qui le placent loin devant le Parti Socialiste.
La Hongrie, est l'un des pays où l'impact de la crise a été ressenti le plus tôt et le plus fortement par la population. Parmi les premiers pays d'Europe de l'Est frappés par la crise financière, et l'un des premiers pays d'Europe menacé de faillite, elle a reçu en octobre 2008 du FMI, de la Banque mondiale et de l'Union européenne, 20 milliards d'euros sous forme de prêt. En contrepartie, le gouvernement a mis en oeuvre un nouveau plan d'économies budgétaires draconiennes, autrement dit, un nouveau plan d'austérité pour les populations. En 2006, dans la perspective de permettre l'intégration de la Hongrie à la zone euro, le même gouvernement avait déjà imposé à la population un plan d'austérité. Il s'agissait - déjà - de réduire les déficits et l'endettement du budget de l'État, pour satisfaire aux « critères de Maastricht ».
Cela s'est traduit par des suppressions massives d'emplois dans les services publics, par la hausse de la TVA de 15 % à 20 % sur les produits de consommation courante, la hausse du prix de l'électricité et du gaz, et même la réduction des salaires par la suppression du treizième mois là où il existait. Le nouveau plan d'austérité en a rajouté.
En quelques années, le chômage a explosé et une partie croissante de la population a vu ses revenus s'effondrer, et les plus pauvres - en particulier les Roms pour lesquels le chômage atteint dans certaines régions jusqu'à 90 % - se sont enfoncés dans la misère.
Dans ce contexte, l'extrême droite a trouvé dans le désespoir et la révolte des populations appauvries un terreau favorable à sa démagogie. Mais elle l'a trouvé d'autant plus facilement que c'est un gouvernement étiqueté socialiste qui s'est trouvé aux commandes pour faire payer durement la crise à la population - après avoir été élu, en 2006, en promettant le contraire. Et d'autant plus facilement aussi que face à cela, la classe ouvrière n'a pas été en état de riposter et d'imposer ses propres solutions.
Viktor Orban, dirigeant de l'Union civique hongroise (Fidesz), qui vient de remporter le premier tour des élections législatives, a exclu toute alliance avec le Jobbik. Pourtant, pour séduire les électeurs, il a commencé à lui emprunter certains de ses thèmes, jouant lui aussi la carte du nationalisme, reprenant en particulier à son compte la revendication d'une Grande Hongrie. Dans une région d'Europe où le sort des minorités ethniques ou nationales reste un sujet explosif, c'est jouer avec le feu. Dans l'immédiat, cela ne pourra que favoriser le développement du sentiment anti-hongrois des populations des pays voisins - Slovaquie, Roumanie, Serbie, etc. -, terreau favori des démagogues réactionnaires locaux.